Pensées d'une défunte
Aube, dis-moi, te manquerais-je ?
Chaque jour, je te vois, je t’étreins,
J’expose à toi, mon visage terne, mes cernes,
Avant que tout ce qui vit ne voit ma peine.
Et je passe à toi, miroir, oh miroir si humble
Tu te pares de ma laideur infâme,
Pourtant muet, tu me racontes
Les vies de toutes celles que j’ai été,
Que tu estompes après, avec tes traces de buée.
Et de tout ce que j’ai, peut-être ce n’est
Qu’à vous que je manquerai.
Je vous le dis, j’ai tout cédé,
Mes luttes,
Mes amours blessés, cassés, guéris
A d’autres vies, à d’autres elles, chéries,
Je ramasse mon cœur morcelé,
Mes petits mots, mes pensées insensées
Les souvenirs de ceux qui m’ont oubliée,
.. Je m’en vais préparer mon décès.