Nostalgie d'un matin

Elle est là, elle s'est installée dans ma vie depuis bien longtemps maintenant et c'est assez rare qu'elle s'absente, c'est elle, "La journée ordinaire". Aujourd'hui, elle a été fidèle à elle même et elle a été au rendez vous.

Le matin, à six heures et vingt minutes précisément, ma mère vient frapper à ma porte à coups forts pour me réveiller, car ma porte est toujours fermée à clés, même la nuit; c'est une manie que j'ai adoptée depuis quelques années déjà. J'ouvre les yeux, et la journée ordinaire m'accueille. Je peine à chercher la tenue adéquate parmi les tas de vêtements éparpillés sur le sol, derrière la porte, entre les plis de ma couette, pour finalement décider de remettre les vêtements de la veille, car de toute manière, tout cela n'a aucune importance, c'est une journée "ordinaire". Je traîne mon corps à la salle de bain, fais tout ce qui est nécessaire pour entamer une journée en fraîcheur. Ensuite, je me précipite à la cuisine, je bois mon café en un seul coup et je descends au parking en courant tout en essayant de ne pas faire trop de bruit, les voisins dorment encore certainement et car il est déjà sept heures, ma mère va encore être en retard pour son travail. A peine dans ma position passagère habituelle, c'est à dire, derrière mon père qui conduit, je branche mes écouteurs; cela m'épargne d'être incluse dans des conversations barbantes d'affaires familiales qui ne m'intéressent guère et cela m'offre également un peu de temps pour savourer la matinée et m'éclairer les pensées. D'ailleurs, c'est souvent à cette heure là que toutes les bonnes idées me traversent l'esprit. Je pense que le soleil y est pour quelque chose; sur l'autoroute qui mène à l'école, on peut le voir en toute sa splendeur, et c'est là, que ses rayons viennent me caresser la joue avec une chaleur bienveillante, et qu'à gauche, je peux voir depuis ma fenêtre, sa lumière mettre en valeur tous ces bâtiments ternis, en dessinant un contraste harmonieux avec les ombres. Mais avant cela, on dépose maman et mon petit frère à la Rue Alain Savary, et comme accoutumé, elle m'envoie un baiser de l’autre côté de la fenêtre, en souriant chaleureusement, comme si je partais tous les matins pour des terres lointaines. Mais j'avoue que cela me fait plaisir et que je l'attends, cette affection maternelle, et qu’elle m'est devenue évidente de telle sorte que je lui en veuille, ma tendre mère,  lorsqu'elle oublie de m’adresser ce geste. Mon père reste silencieux au cours du trajet, souvent, quand on est seuls, lui et moi. Parfois il me demande si j'ai assez d'argent, ou ce que je pense de la situation de mon frère aîné ou des bêtises de mon petit frère. Mais la plupart du temps, il me laisse tranquille avec mes pensées. J'arrive à l'école, tôt, vers sept heures trente, et je parcoure ses couloirs. Je me réfugie parfois au terrain abandonné; je remets mes écouteurs et j'observe les escargots profitant de l'humidité matinale pour se révéler entre les herbes et se nourrir. A huit heures trente, les cours commencent et à partir de cet instant là, je subis la journée, et tout passe naturellement…





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