Confrontations


Je sors, dans la rue, un soleil flamboyant, trottoirs souillés, regards fulminants..

Lors d’une promenade, je croise ces regards, dont ceux des femmes qui à leurs tours, commencent la journée laborieuse. Dans la plupart de ces regards, réside une émotion morbide. Je ne sais ce que c’est, est ce un appel à l’aide ? est ce une haine ? ou bien, est ce de la compétition, est ce du reproche ?.. Je l’ignore encore .. Est- ce que moi aussi je porte ce regard sans en être consciente ?

Une femme, sac en main, pressée, poings serrés.. visage froissé, effrayé.. je la vois, avancer en ma direction, derrière elle, des hommes se retournent pour la déshabiller du regard, ils se partagent entre eux, des blagues crades, sur ce qu’ils feraient de son corps s’ils arrivaient à le « posséder »..
Elle les entend, mais continue de marcher, baisse le regard.. Mais au moment où elle me frôle à son passage, elle me regarde, brièvement, une fraction de seconde.. et dans ce regard, je ne sais pas, ce qu’était l’énergie qu’il convoyait, c’était chargé, lourd voire, haineux.. 

Je rentre chez moi.. parcourant les tendances tunisiennes sur les réseaux sociaux, là où ma curiosité me traîne de temps en temps.. Je vois une vidéo, où une femme, dénigre une autre, une jeune fille, sur un plateau Tv, pour avoir porté une robe, révélant ses jambes et son décolleté. Chose devenue habituelle, la jeune fille est humiliée et est réduite à un objet. Les hommes présents sur le plateau applaudissent la femme offensante, elle est contente, rassurée.  Peut être, espère t’elle, qu’ainsi.. lorsqu’elle marchera dans la rue à son tour, elle n’aura pas à entendre des mots crades, dans son dos..

Mirages…

Ainsi, je ne cesserai de croiser ce regard lourd, acharné.. Jusqu’au jour, où certaines de mes chères compatriotes comprendront que c’est à elles de se valider, ce n’est pas à l’homme de le faire. Notre existence n’est pas de trop.


Peut être que la médiocrité machiste quotidienne ne nous quittera pas avant longtemps, il y’a plus de mal que de bien dans le monde.. Mais j’aspire au jour où  le regard d’une femme que je croiserais dans la rue, serait accompagné d’un sourire complice plutôt qu’une haine, injustifiée et refoulée qui retarde notre émancipation, l’haine d’être née femme dans un monde qui peine encore à se délivrer de sa misogynie.

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